Amine & Hamza

Ce Samedi 26 Mars, les parisiens, et surtout les « tuniso-parisiens », ont vécu une soirée très éclatante avec les frères Amine et Hamza M’raihi, concert organisé par l’association caritative Tunaction en collaboration avec l’Atuge et l’association parisienne « Jeunes Tunisiens ».
Récit de la soirée, et descriptif de cette magnifique initiative caritative avec notre correspondant Elyès Slim Ghédira.

Le rendez-vous était donné, à tout les amateurs de bonne musique, ainsi qu’à ceux qui veulent aider la Tunisie dans ces moments cruciaux, pour un concert caritatif autour du duo Luth-Qanoun de Amine et Hamza M’raihi, duo étoffé de tout un ensemble d’instruments et de musiciens…Ce fut ce samedi passé à la salle feutrée de l’Espace Reuilly (12ème arr.), une salle pouvant contenir près d’un millier de spectateurs, et qui le temps d’un soir était parée des plus beaux drapeaux frappés du croissant et de l'étoile.

Une fois sur place, les deux charmantes demoiselles du stand d’accueil, me conduisent vers le président de l’association « Tunaction », Le temps de remarquer au travers d’un regard furtif, que le même croissant étoilé, était également bien visible sur les poitrines des hôtes au propre (frappé sur les badges du comité d’organisation), comme au figuré.

Farouk Ben Salah (président Tunaction) : « Tunaction est une association caritative apolitique, qui a été fondée à Paris en 2006. Elle œuvre à l’amélioration des conditions de vie de certains enfants handicapés et défavorisés, au travers d’actions ciblées. Concernant ces actions, Tunaction préfère privilégier des dons et des appuis qui ne pourraient en aucun cas nuire à la micro-économie locale (comme le serait le don de biens de consommation courante). Dans ce cas, l'essentiel de nos actions, est constitué par la promotion et de la mise à disponibilité d’infrastructures pour les enfants nécessiteux. Notre association est financée grâce ses généreux donateurs, ainsi qu’aux différents événements artistiques que nous organisons.

Pour ce concert-ci, les frères Mraihi nous ont offert leur disponibilité entière, et la généreuse gratuité de leur prestations scénique, ceci afin de maximiser tant que possible les recettes de la soirée. Amine et Hamza, poursuivant l’esprit de notre initiative se sont même contentés de loger chez des amis, au lieu de demander un hôtel comme le voudrait l’usage dans ce genre d’événements … Ceci nous touche pleinement !!!

Les objectifs de ce concert se résument en deux actions ciblées : Premièrement, Remise en état du matériel d’une école primaire pilote UTAIM (Union Tunisienne d'Aide Aux Insuffisants Mentaux) pour enfants handicapés dans la ville de Jelma (Gvat de Sidi Bouzid) et ce après le pillage et le saccage qu’a connue cette école pendant les événements post-14 Janvier, et deuxièmement Aider les CDIS (Centre de défense et d'intégration Sociale) à remplacer le matériel informatique volé ou détruit lors de la révolution.

Nous remercions sincèrement toutes les personnes et nos sponsors qui nous ont aidés à la réalisation de cette soirée ».

Dans le cortège des spectateurs rentrants dans la salle, nous croisons certains visages familiers, dont certains artistes et musiciens, tunisiens comme Lamine Nahdi ou étrangers. Résidents à Paris ou de passage, ils s’étaient également donné rendez-vous pour ce concert caritatif.

Après la présentation de la soirée par un quatuor féminin venues présenter les associations organisatrices, le moment arriva où Amine et Hamza montèrent sur scène, suivis de Wissem Karoui la chanteuse tunisienne qui partage désormais la scène avec le duo Luth-Qanoun, suivis également par d’autres musiciens dont un ensemble de quatre musiciens à cordes violons-violoncelle.

Amine prit la parole en premier, et de son Micro lança au public : « la Tunisie a perdu beaucoup d’hommes valeureux pour être sur la voie de la liberté, … On aurait pu commencer notre concert par une minute de silence, mais justement en Tunisie le silence a été mis de force pendant des décennies…Nous préférerons donc témoigner de notre hommage aux victimes par une minute de musique !!!

Le concert se poursuivit pendant un peu moins de deux heures, avec la même intensité. Le public était pris de vitesse par les couloirs crescendo Luth-Qanoun, charmé par les compositions anciennes et nouvelles (notamment de leur dernier album « Perpetual Motion »), agréablement surpris de découvrir un Hamza M’raihi qui chante sur certains morceaux, et qui, surtout, entre deux titres se montre très taquin avec son frère et le public (je retiendrais « est-ce qu’il y a des Français dans la salle ?? Ben, On vous souhaite la bienvenue à Paris !!!! »), et bien sûr bluffé par la voix très chaleureuse de la jeune chanteuse Wissem Karoui, qui alliait à la justesse de l'interprétation, une grande émotion !!!

Le concert se termina sur une standing-ovation sincère prévisible au vu de la qualité de l’interprétation. Le public aura sûrement retenu le titre « Ena horr w Tounes horra » son refrain très mélodique et ses paroles très engagées, et surtout la voix de Hamza Mraihi dans un style très personnel et intime …
Sur le chemin des loges, à la rencontre des Artistes, on croisa quelques visages connus …
Lamine Nahdi : « j’aime beaucoup le style de Amine et Hamza, leur talent rayonne désormais au delà de la Tunisie, pour aller titiller d’autres cultures qui n’ont jamais croisé de Luth, ni encore moins des Qanoun. Il est très important pour nous artistes, de voir d’autres artistes compatriotes, remplir de grandes salles à Paris … Vous ne pouvez pas savoir combien ça nous incite, ainsi que nos producteurs et promoteurs à venir en tournée ici ... Il faut encourager ces initiatives !!! Bravo !!! »
Raouf Kouka : « Je dirais tout simplement, bravo Amine et Hamza, bravo les Tunisiens de Paris !!! Je suis vraiment très heureux de voir les Tunisiens à l’étranger aussi solidaires de ce qui se passe en Tunisie, un grand bravo aux artistes qui ont joué le jeu, et qui ont délaissé un certain confort concernant leur venue à Paris, pour augmenter au maximum, et tant que possible, les recettes du concert !!! »

Syrine Ben Moussa : « tous les musiciens ont été excellents ce soir, je reconnais le talent de Amine et Hamza a diriger tout un ensemble autour d’eux … Ceci nous montre que notre art peut très bien s’exporter, il faut juste le vouloir !!! La salle était comble ce soir, c’est impressionnant !!! »

Enfin, entourés par une dizaine de fans, et de quelques photographes, les voici …

Amine Mraihi : « Cette soirée nous tenait vraiment à cœur, … avant d’être artistes on est d’abord Tunisiens, c’est la moindre des choses … Concernant notre style musical, évidemment il a évolué, on le sent nous-même, mais c’est surtout nos fans de la première heure qui nous le font sentir !!! Je pense que notre musique devient de moins en moins instrumentale et technique … Avant, on avait parfois la fâcheuse tendance à faire de la musique pour nous, … là on essaye surtout de partager des émotions. On ira très bientôt en studio pour un 9ème album, vous nous direz si le style y changera encore ou pas … »

Wissem Karoui : « quelle soirée, et quel public chaleureux … Vraiment nous sommes ravis !!! Je suis très enchantée de ma collaboration avec Amine et Hamza, le style est très différent du chant que j’exerce d’habitude (opéra baroque, chant oriental) et de telles expériences sont toujours enrichissantes, enivrantes … »


Hamza Mraihi : « Je tiens à remercier tout ce public qui est venu nombreux ce soir, ça nous touche vraiement. Pour répondre à ta question sur mon jeu avec le Qanoun et pourquoi j’attaque moins les cordes sur l’instrument qu’avant … Je te dirais que peut être que le style évolue, peut-être que l’intronisation de Wissem Karoui et d’une voix féminine une première dans notre groupe, nous pousse à plus d’émotion dans notre jeu et moins de technique … mais de toute façon, j’ai gardé quand même cette attaque que je continue à utiliser dans certains passages, … c’est comme une signature au final … Entre moi et la Qanoun est une très longue histoire, c’est un instrument exigeant, qui mérite qu’on le porte vers de nouveaux horizons … Une distorsion avec une boîte à effet sur un Qanoun ?? Il y en a qui prendraient ça pour un blasphème, mais au final pourquoi pas ?? En tout cas, moi je l’ai déjà essayé, ça donne un son génial !!! Pour ce qui est du titre « Ena hor wouTounes horra », il y a vraiment toute une histoire derrière … Le 14 Janvier, j’étais loin de mes parents, et mon père m’appelle vers 18h30 pour me dire que Ben Ali est parti, qu'il a disparu, qu'il a fui … J’en suis resté bouche bée … une émotion me gagna, il a fallu que je fasse quelque chose pour me calmer … J’ai composé et composé jusqu'à tard , la nuit… et là m’est venu ce titre tout simple et efficace « Ena hor ou Tounes horra », … Il est prévu de le sortir en Single et peut -être en Clip ».

Que d’émotions en une seule soirée !!!

Au moment de quitter la salle, je laissai les jeunes organisateurs de Tunaction faire les comptes de leur soirée, ils étaient tout sourire, avec quelques lueurs dans les yeux … de bonnes nouvelles en perspective pour l’école UTAIM dans les environs de Sidi Bouzid … Ils m’ont promis de communiquer dans les prochaines jours le bilan de la soirée…magnifique soirée…Bravo à tous les artistes, les musiciens, Wissem Karoui … Bravo Amine et Hamza …Rendez-vous le 03 Avril à Tunis au colisée pour ceux qui ont raté la soirée parisienne de ces virtuoses !!! - Leaders.com

L’album "Perpetual motion" sort chez Network. Le public français a fait un triomphe au trio des frères Joubran, trio de ouds qui sont ces dernières années au top des meilleures ventes en albums de musiques du monde chez Harmonia Mundi. Il faudra désormais compter, venus de Tunisie, avec les frères Amine & Hamza, le premier au oud et le deuxième au kanun (cithare), dont le nouvel album, Perpetual motion (Network, 2011), vient de paraître. Encore peu connus en France, ils se produisent depuis plusieurs années dans plusieurs festivals dans le monde comme le Festival de musique arabe de Montréal ou le BBC International World Festival, et bien sûr les festivals en Tunisie, tels le Festival de Jazz à Carthage ou le festival de la Médina.
Dans ce sixième album, Perpetual motion, qui nous est livré par le label allemand Network, Amine & Hamza sont accompagnés d’un quatuor à cordes occidental classique comprenant des musiciens polonais, serbe, et américains, et le duo invite aussi divers autres artistes, instrumentaux ou vocaux. Pourquoi avons-nous pensé à Anouar Brahem dès l’écoute du premier morceau ? Peut-être parce que le caractère solaire et maritime de la Tunisie, toute de blanc et de bleue, épargne à sa musique le côté trop mélancolique, voire carrément triste ou désespéré, que le ‘oud prend souvent dans les pays du Moyen-Orient, berceau de l’instrument... Ici c’est une musique de lumière et de douceur, à l’image du pays.
La guitare flamenca (de Quentin Dujardin) s’invite naturellement dans “Omar”, des violons classiques introduisent “Meni Nessi” (Je n’oublie pas), chanson en arabe, cependant que l’introduction de “The challenge”, cordes graves du ‘oud seules, sonne comme une guitare basse rock...
Une immense inventivité, une parfaite maîtrise musicale - les deux frères Amine et Hamza se sont mis à la musique, sous la férule de leur père médecin et mélomane, aux âges respectifs de 3 et 4 ans, avant de pouvoir entrer au Conservatoire de Tunis à leurs 10 ans. La dédicace de l’album est pour ce “père exceptionnel”, “maître et ami”. Nous attendions depuis longtemps des artistes tunisiens de qualité, à la suite d’un Anouar Brahem : voilà notre attente comblée ! - Afrik.com