Daby Touré
Gig Seeker Pro

Daby Touré

Paris, Île-de-France, France | Established. Jan 01, 2004 | INDIE

Paris, Île-de-France, France | INDIE
Established on Jan, 2004
Solo World

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Music

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"Daby Toure - Précieux Diam"

Descendant de la fratrie sénégalaise Touré Kunda, Daby Touré, fils de Hamidou, est né à Nouakchott, capitale famélique de Mauritanie où il s'est nourri de musiques, d'Oum Kalsoum à Marley en passant par Police ou Dire Straits.

Daby a fait de son héritage musical un disque dépouillé, un des meilleurs de 2004, Diam. Des histoires de béguin et d'aversion, de traîtrise et de délivrance, des compositions fluides basées sur la guitare. Cyrille Dufay, manipulateur de la scène électronique, façonne, lui, l'écrin pour ses mélodies précieuses. Des musiques intimistes, à la croisée de la pop planétaire et de la musique panafricaine, des rythmes qui ont séduit l'assagi Peter Gabriel. L'ange avisé de la world music a signé Daby et l'a propulsé en première partie de sa tournée européenne en 2004. On le retrouve aujourd'hui tenant ses promesses en tête d'affiche. - Liberation


"La pop métissé de Daby Toure"

Fils d'un des membres de Touré Kunda, fondateur en 1992 du groupe Touré Touré, Daby (Touré) publie un fort joli album solo (Diam, Real World/Virgin) fait de ballades raffinées et d'une pop métisse, donc universelle. Inspiré par les rythmes de sa première jeunesse passée en Mauritanie, puis un peu au Sénégal avant de venir en France, Daby Touré parle (en wolof, soninké ou pulaar) de liberté, de racines, de trahison ou d'enfance abandonnée. Il écrit des musiques dépouillées, composées avec soin. Une façon qui rappelle le jazz qu'il a découvert en venant ici à 18 ans grâce au groupe sénégalais Sixun.

Daby ne compose pas une version moderne de la tradition africaine, il propose une autre Afrique qui semble complètement imaginaire. Daby Touré produit un chant très personnel qui échappe aux classifications après avoir joué pendant une dizaine d'années avec une rare énergie la plus festive des musiques africaines. - Liberation


"Daby Toure"

Le Franco-Mauritanien Daby Touré signe avec ce premier album solo l'un des meilleurs disques de l'année, pas seulement en musique africaine mais en musique tout court. Voix douce, guitare soyeuse, Daby Touré cisèle une douzaine de ballades admirables, de l'ouvrage raffiné sur un rythme fluide ponctué par des percussions délicates. Des mélodies dont la pureté semble évidente, mais qui ont dû exiger beaucoup de minutie. Daby Touré a assuré la première partie de la récente tournée de Peter Gabriel qui ne tarit pas d'éloges sur le prodige. Fils de Hamidou Touré, l'aîné de la fratrie Touré Kunda, né il y a une trentaine d'années à Nouakchott puis installé en France à ses 18 ans, Daby Touré a fondé en 1992 à Montreuil un groupe énergique qui redonne vitalité à l'Afrique-sur-Seine. Riche d'une première jeunesse mauritanienne baignée par les rythmes africains tout en captant sur la radio Police, Marley ou Dire Straits, puis d'une seconde, française, séduite par le jazz, Daby Touré enrichit cette musique universelle aux racines africaines qui émerge doucement depuis une dizaine d'années.

Daby Touré Diam (Real World/Virgin). - Liberation


"Diam"

En portrait de l’artiste en représentation, on pourrait retenir la photo du recto et le soupçon de fierté d’un jeune homme appuyé avec la morgue d’un Ramone contre un rideau de fer. En travelling pour guide touristique, il faudrait évoquer la Mauritanie, la République islamique de Mauritanie, les randonnées dans le désert, et le soleil, […]



En portrait de l’artiste en représentation, on pourrait retenir la photo du recto et le soupçon de fierté d’un jeune homme appuyé avec la morgue d’un Ramone contre un rideau de fer. En travelling pour guide touristique, il faudrait évoquer la Mauritanie, la République islamique de Mauritanie, les randonnées dans le désert, et le soleil, le vent et le sable de Mauritanie. Au jeu des sept familles, on demanderait le père, ce Seta Touré, chanteur emblématique des Touré Kunda, éléphant sage et adulé d’une dignité africaine retrouvée. En portrait de petit garçon, on tracerait les contours d’un enfant prodige, hilare, dès son plus jeune âge et avec un égal bonheur derrière une guitare, des percussions ou une basse. En biographie de poche, on retiendrait le groupe fondé au début des années 90 avec le cousin Omar, ces Touré Touré mêlant dans leurs savantes polyphonies toutes les inspirations de l’Afrique de l’Ouest et surnommés ? car les étiquettes sont toujours bien pratiques ? les Beatles de l’Afrique. Et en toute logique, on rappellerait enfin les désirs d’envol en solo, l’exil pratiquement obligé par ici et les ouvertures de scène pour le compte de Peter Gabriel.

Tout cela pour préparer à Diam, premier album de Daby Touré, enregistré en France et disque d’un jeune Africain moderne. Cette modernité ne se niche pas exclusivement dans une orchestration, acoustique certes, mais où la guitare déborde d’influences country ou folk, et où surgit au détour d’un refrain un violoncelle électrique ou un mélodica mélancolique. Elle ne se niche pas non plus uniquement dans ce traitement sophistiqué de la voix ? des voix, plutôt ? en strates, comme les multiples facettes d’une même inspiration. Et elle ne se résume pas au caractère presque cuménique de ces dialectes mêlés, wolof, toucouleur ou soninké, jusque dans l’internationalisme du livret (descriptif des morceaux en anglais, remerciements et crédits en français).

En fait, la contemporanéité de Daby Touré (là où il nous touche, donc) réside dans ces résurgences de contes ancestraux filtrées au tamis des réalités quotidiennes actuelles. Les histoires d’amour qui finissent mal, en général (un homme et une femme s’aiment, puis la femme s’en va), l’évocation d’icônes intimes, le respect de ses propres racines et l’émotion ressentie à l’approche de celles des autres : le Mauritanien remet sa vision du monde, et donc un peu l’Afrique, encore davantage au centre de la course de l’univers. Le tout dans un concept pop africain où les mélodies fusent avec aisance, et où les syncopes font admettre que danser et penser ne sont plus désormais incompatibles. - Les Inrockuptibles


"Stereo Spirit"

Daby Touré - Stereo Spirit

Real World - Virgin



Chez Daby, on trouve un principe créateur d’un genre un peu spécial, entre la polyvalence de Shiva et le multi-usage du couteau suisse, qui le pousse à vouloir tout prendre en charge. Sur Diam, premier album pour le label de Peter Gabriel, Real World, il jouait déjà, à quelques exceptions près, de tous les instruments, […]




Chez Daby, on trouve un principe créateur d’un genre un peu spécial, entre la polyvalence de Shiva et le multi-usage du couteau suisse, qui le pousse à vouloir tout prendre en charge. Sur Diam, premier album pour le label de Peter Gabriel, Real World, il jouait déjà, à quelques exceptions près, de tous les instruments, de même qu’il portait tous les chants. Sur Stereo Spirit, il radicalise la démarche. De la composition à la réalisation, et du mixage au mastering, je suis dans tous les processus.? Si ce parti pris relève bel et bien d’un challenge esthétique (Daby est quand même l’un des rares à avoir refusé les services de Brian Eno), il n’induit en rien la démonstration stérile d’un quelconque monsieur je sais tout faire . Sa musique semble plutôt s’enrichir du dénuement qu’il lui impose. De sorte que l’on s’y sent comme entraîné vers plus de limpidité, d’harmonie et d’unité.

Stereo Spirit, sans qu’aucun désir conceptuel ne pèse, évoque peu à peu un voyage intérieur où deux natures, deux histoires, deux bagages disparaissent dans un tout, et ce aussi sûrement que la séparation sonore entre canal droit et gauche s’y efface. Les douze chansons sont faciles à recevoir. Elles viennent à nous, belles et souriantes dans leurs cotonnades printanières. Elles ont des titres qui pourraient être des prénoms africains : Setal, Kiyé, Bibou, Yakaaré. Elles sont chantées en langues régionales (pular, wolof, soninké), parlent d’un quotidien précaire où rien ne va plus de soit, et chacune exhale une haleine fraîche et parfumée.

Ce pourrait être une rencontre océanique entre Cat Stevens, Jack Johnson et un Youssou N’Dour affranchi du m balax. Mais c’est évidemment autre chose. Sur Yakaaré, Daby équilibre guitare acoustique et basse Nord Lead (un synthétiseur), façon de confirmer ses vœux de coexistence. Tandis que Yafodé lui fait alterner, en ravissante polyphonie, des voix mâles et femelles, comme s’il venait de réaliser là sa fusion des contraires, son parfait androgyne, une synchronicité entre l’ici et le là-bas, le je et le nous, le il et le elle. Au fait, Synchronicity, c’est pas le titre d’un album de Police ? - Les Inrockuptibles


""Lang(u)age", tour de force de Daby Touré"

"Lang(u)age", tour de force de Daby Touré

Daby Touré l'assume, il est une tour de Babel à lui tout seul. Sur ses précédents albums, il jonglait avec l'anglais, le wolof, le pular ou l'arabe, quand il ne fredonnait pas une langue de son invention. Lang(u)age ajoute à sa panoplie celle de son pays d'accueil depuis l'âge de 18 ans : Daby Touré y fait vibrer la langue française au moyen de phrasés africains. Un tour de force, tellement fluide que l'exercice paraît tomber sous le sens. Particulièrement probants sont Pas si Eloigné que ça, sur un texte signé Ours, dont le refrain s'arrime à l'auditeur dès la première écoute, Un Dernier Rêve, Toutes Les Iles et Chez les Autres, fine chanson sur le déracinement ciselée par un Maxime Le Forestier inspiré (« Tu m'as dit fais comme chez toi/Moi, j'ai grandi chez les autres, apprends moi »). Ce parti pris fonctionne car Touré déploie un vrai sens de la mélodie, tonique et vive.





Chez les autres du nouvel album de Daby Touré



Ailleurs, on retrouve traces de ses expériences anglophones pour le label Real World, avec notamment This is The Time coécrit par Skip McDonald, chanteur de Little Axe avec lequel Touré avait enregistré son précédent album - Oxmo Puccino y débarque tout en contraste, sa voix lourde et mate en contrepoint de la ligne aérienne de Touré. Mariko, Yewendé et Bilady sont trois belles échappées africaines, particulièrement le second, un blues ondulant dans un désert nocturne. On sera plus réservé sur Du Haut de Nos Différences, duo avec la chanteuse canadienne Salomé Leclerc, pas loin de tomber dans l'ornière de la variété.



Enregistré à New York, Lang(u)age a été enfanté avec des moyens confortables. Le producteur, Russell Elevado, déploie un CV impressionnant (The Roots, Erykah Badu, le premier D'Angelo...), tandis que Pino Palladino balance quelques lignes de basse qui ont fait sa réputation. Autant dire que cet album représente un pari : celui d'une voie intelligente, sensible, entre musiques africaines et chanson française, exempte des exotismes des unes comme des clichés de l'autre. Professionnels et grand public sauront-ils l'entendre ?



Bertrand Bouard - Mondomix


"Daby Toure - Le Baume au Coeur"

Daby Touré, le baume au cœur

Nouvel album, Lang(u)age



14/06/2012 - Posté à l’estuaire de la pop, de la variété française et des musiques du monde, Daby Touré chante comme on passe un baume, pour adoucir les cœurs. Dans Lang(u)age, il confie ses souvenirs et son identité multiple en musique, et en toute intimité.




RFI Musique : Qu'avez-vous fait depuis Stéréo Spirit, sorti en 2007 ?
Daby Touré : J’ai voyagé, j’ai vu mes amis, ma famille…Il fallait que je m’arrête, j’avais besoin de savoir où j’en étais. Jamais, je n’ai eu de conflit avec la musique. Mais mon corps et mon esprit réclamaient une pause. J’avais juste besoin d’arrêter de courir partout, de faire des concerts… Au premier album, personne ne sait qui tu es, puis arrive le deuxième album et la critique commence. Je crois que ça ne m’a pas trop plu en fait, parce que je m’inscris dans une démarche personnelle et que la musique est pour moi comme une thérapie.













Chez les autres

Daby Touré

Lang(u)age

(Polydor)

2012




Ecouter



Une thérapie pour guérir quoi ?
Pour adoucir la vie en général ! Prendre la guitare et jouer, ça me fait du bien, mais ça fait du bien aussi aux autres, au public. Quand je parle de thérapie, ça peut faire peur, mais la musique est pour moi un compagnon de route, un refuge, un endroit précieux où l’on peut trouver la paix. Ce qui compte, c’est la sincérité, être soi même, et moi je suis simple. J’aime bien passer du temps en Afrique, manger du tiep (plat de riz, ndr), voir mes amis… Quand je pars à Dakar, je voyage jusqu’en Casamance, après je remonte jusqu’à Djeol, et je ne fais rien, je profite seulement. Et ma musique, elle est comme ça. J’essaie de rester dans la simplicité, par choix.

Dans cet album, vous vous êtes entouré notamment de paroliers. Il y a des collaborations pas anodines….
C’est eux qui m’ont choisi. Je jouais, et Maxime Le Forestier est venu me voir, et il m’a dit "passe me voir à la maison" et on a passé un après-midi à boire le thé et à discuter. Mon histoire l’a intéressé et il m’a écrit un texte, c’est Chez les autres ! Toute ma vie s’est passée comme ça ! Tant qu’on est sincère je pense qu’on peut toucher les gens. Cela a été la même chose pour Abir Nasraoui, Marc Estève…

Le premier morceau du disque, Chez les autres, fait référence à votre histoire, est ce qu’il y a d’autres morceaux qui vous racontent dans l’album ?
Lang(u)age raconte l’histoire de mon grand-père qui est parti du Mali jusqu’en Casamance où il a fondé une famille. La sécheresse l’a poussé à s'en aller parce qu’il était cordonnier et qu'il avait besoin de peaux : elles se faisaient de plus en plus rare à Kayes. Il s’appelait Daby aussi. Il est décédé en 1958, à presque 80 ans. Son parcours est proche de ce que je vis aujourd’hui. Bien sûr, toutes les langues chantées dans le disque racontent aussi mon parcours, et c’est pour cela que l’album s’appelle Lang(u)age. Quand j’étais petit, à 3 ans, mes parents se sont séparés, et j’étais confié à des gens que je ne connaissais pas, j’ai voyagé du désert de Mauritanie, à la Casamance, au sud du Sénégal. Je parle donc l’arabe mauritanien, le wolof, le pular, le soninke, puis le français et l’anglais, pour comprendre et être compris. Toute ma vie, je me suis adapté.

Dans Papillon, vous êtes en duo, avec votre père, Hamidou Touré (membre des Touré Kunda, ndr). Une première ?
Oui, et ce duo est très symbolique car mon père ne voulait pas que je fasse de la musique. Ça a été très difficile entre nous dans le passé. On a fait une chanson sur le village dans lequel on a grandi tous les deux : Djeol, au sud de la Mauritanie.














A lire aussi :
Daby Touré, deux en un
Daby Touré en toute sérénité



Comment l’avez-vous convaincu ?
Il ne voulait pas en entendre parler pendant des années. Le jour où je suis venu à Bercy avec Peter Gabriel, j’ai joué quinze minutes tout seul devant des milliers de spectateurs. Je descends de scène et je le vois, il pleurait. Je pense que c’est ce jour-là qu'il a été convaincu.

Est-ce que vous aviez prévu ce que vous alliez chanter ensemble ?
Non. Je lui ai rappelé quelques souvenirs : je me rappelle des tenues colorées des femmes pendant les baptêmes, quand on allait au fleuve pour se baigner tous les jours, des grandes fêtes sur la place du village, je me rappelle de la nuit, quand on enlevait la femme du nouveau marié pour la dot… Et lui, il arrivait à la fin pour me dire, "oui tu as raison, je me rappelle de ça aussi, et je constate que tu as fait un long chemin, tu n’as pas oublié d’où tu viens". Et il a fini par dire, "tu es un bon fils, je suis fier de toi". C’était très touchant.

Depuis les années 80 et Touré Kunda, est-ce que le regard qu’on porte sur un artiste africain a changé ?
On reste toujours catalogué. Dès qu’on chante dans une autre langue que le français ou l’anglais, on est "world music". Moi, je n’ai pas l’impression d’appartenir à un monde plutôt qu’à un autre. Concrètement, ma musique représente ce que je suis : plusieurs langues, des voyages, des rencontres. Je viens de Mauritanie, je vis en France, c’est mon pays d’adoption, et j’ai l’impression de faire une musique unique, je ne veux pas qu’on me mette dans un moule ! - RFI Musique


"Daby Toure - Les mots de l'âme"

Daby Touré, les mots de l'âme





Soumis par bertrand bouard le ven, 20/07/2012 - 02:00

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Musique - Interview








Daby Touré, les mots de l'âme



(Photo: Emmapicq)




Après trois albums sur le label Real World, le franco-mauritanien Daby Touré marie avec bonheur mélodies africaines fluides, sensibilité pop et langue française sur Lang(u)ages, avec la complicité d'auteurs de renom (Oxmo Puccino, Maxime Le Forestier, Ours...) et du producteur Russell Elevado (D'Angelo, The Roots). Un album frais et novateur, reflet d'une identité complexe, qui n'a pas valu à Daby Touré un parcours des plus simples.

Tu disais voici quelques années difficilement envisager de chanter en français. Qu'est-ce qui t'a décidé à franchir le pas ?

Daby Touré : J'avais besoin que ça se fasse naturellement. De la même manière, je ne me suis pas mis à chanter en wolof, en soninké ou en pulaar du jour au lendemain, ça s'est fait avec le temps. Le français, c'est parti d'une rencontre avec Maxime Le Forestier aux rencontres d'Astaffort, au cours desquelles Francis Cabrel réunit plusieurs auteurs compositeurs pendant une dizaine de jours. J'y ai découvert le monde de la chanson, que je ne connaissais pas. Maxime a été très touché par mon histoire, depuis l'Afrique jusqu'à aujourd'hui, il m'a dit qu'il fallait qu'on la raconte. On s'est revus sur Paris et on a commencé à bosser ensemble. Sa plume et son expérience ne pouvaient que me rassurer.



Qu'est-ce que chanter en français signifie pour toi ?

Daby Touré : Je parle le français depuis que je suis petit, mes parents le parlent aussi, il ne me manquait qu'une chose, le chanter... J'ai accumulé une certaine somme d'expériences en Afrique jusqu'à mon arrivée en France, à 18 ans, suite à laquelle je suis aussi devenu français. Cette culture est en moi. Je ne suis d'ailleurs pas que mauritanien, mon grand père vient du Mali et j'ai vécu au Sénégal. Je me sens autant français que mauritanien ou africain, c'est ce que j'essaie de dire dans cet album.



Tu chantes en français des mélodies africaines. C'est venu facilement ?

Daby Touré : Il a fallu travailler d'arrache pied et écrire de façon très précise. J'ai travaillé deux ans avec les auteurs, je leur ai fait refaire les textes, enlever les mots qui ne sonnaient pas dans ma bouche. Je leur ai donné mes idées, mes thèmes. La plupart du temps, j'ai participé à l'écriture, même si je ne suis pas crédité.





Chez Les Autres, titre extrait du nouvel album de Daby Touré



Papillon, tu l'as écrit tout seul...

Daby Touré : Mon père m'a aidé un peu et chante d'ailleurs avec moi. La chanson parle du village duquel on est issu. Notre histoire n'a pas toujours été simple. Aujourd'hui, il est content et fier de ma carrière : « Finalement il était sérieux le petit » (sourire). Lui a toujours fait ce métier avec beaucoup de recul, comme un loisir : avant de rejoindre ses frères dans Touré Kunda, il était infirmier... Moi dès l'âge de 15 ans, j'avais une autre vision des choses : j'étais persuadé que la musique, c'était l'affaire de toute une vie.


Tu es gêné si ton univers est rangé dans la catégorie « musiques africaines » ?

Daby Touré : Ce continent m'a fait. Mais j'ai aussi grandi en Afrique avec l'amour de la musique anglo-saxonne. En fait, c'est assez bizarre, je suis à la fois accepté et refusé partout... Certains festivals me disent : « Finalement, c'est pas trop dans nos cordes, c'est pas vraiment de la world music » ; d'autres : « C'est pas assez pop pour nous ». Même chose avec les radios. Je me rends compte à quel point c'est difficile d'être simplement soi-même.



Particulièrement pour les musiciens africains, dont il existe une attente assez étrange qu'ils jouent des musiques traditionnelles...


Daby Touré :Ah, ça, dès que tu es un peu bronzé et qu'en plus tu portes des dreads... Je me rappelle d'un festival de world music en Hollande, où les organisateurs avaient dit : « Bon, on a vu la vidéo sur internet, c'est bien, mais sur scène, il va quand même s'habiller en boubou? ». En France, une femme est venue me voir un jour à la fin d'un concert : « C'était vraiment génial, je vous suis depuis longtemps, mais c'est vraiment dommage que vous reniez vos origines, vous n'avez plus de tam tam ». C'est très dur d'entendre des choses comme ça. Je suis juste un artiste, africain, moderne, ce qu'on veut... Je ne fais pas de musique traditionnelle, je compose et j'écris. Pour moi, world music et pop music possèdent une identique dimension populaire. J'ai même écrit une chanson, Iris, avec une langue de mon invention, car j'étais lassé par toutes ces questions et je voulais parler de la liberté - certains pensent que c'est du soninké, d'autres du malien ou même du brésilien...



Daby Touré revisite San Francisco de Maxime Le Forestier



La sortie de ton album sur une major indique qu'un public plus large est peut-être prêt à oublier les clichés...


Daby Touré : La maison de disques le pense en effet. Au moment de me signer, le directeur artistique m'a dit : « J'ai pas vu si tu étais noir ou blanc, j'ai juste entendu une musique qui m'a plu et une histoire et des chansons qui me parlaient ». Mais ça reste difficile, on fait face à beaucoup de réticences, de la part de radios ou de professionnels.



Mais il y a des noms connus sur l'album, ça doit rassurer les programmateurs...

Daby Touré : Un programmateur radio m'a récemment déprogrammé quand il a vu que le disque était en français. Il y a vu une trahison par rapport à ma culture. C'est très dangereux, ça : on demande aux gens de s'intégrer et dès qu'on est dans une démarche naturelle, on vous le refuse, car on veut que vous restiez ce que vous êtes, un Africain, et pas autre chose. Et moi j'ai envie de lui répondre : « Mais je t'emmerde, t'as rien compris !».



Comment as-tu choisi tes paroliers ? Oxmo Puccino par exemple ?

Daby Touré : On se connaît depuis quatre ans, même plus. On boit du thé, on va manger, on discute de la vie, de tout, de rien, et puis un jour, une chanson arrive... C'est pas le genre de mec avec lequel tu prends ton téléphone : « Hey, j'ai une chanson, tu veux venir poser ? ». Maxime, c'est pareil. Salomé Leclerc aussi. J'avais enregistré aussi un morceau avec Emily Loizeau, mais on avait déjà trop de duos...



Tu as écrit une chanson sur la Mauritanie...


Daby Touré : J'ai voulu exprimer ce que le pays a représenté pour moi, de mon enfance jusqu'à aujourd'hui. Je ne voulais surtout pas faire une chanson politique, porter des jugements... Il s'y passe ce qui se passe un peu partout en Afrique. J'ai voulu chanter ce pays avec beaucoup de positivité, en parlant de la générosité des habitants, de nos différences qui nous renforcent, de la beauté du pays, de sa culture. J'y suis très souvent retourné, j'en ai besoin. Il existe comme une sorte de cordon ombilical qui part d'ici et me relie là-bas. Je suis toujours en ligne avec mes parents, mes amis d'enfance. Ca permet de ne pas se perdre, car on se perd très vite dans ce métier.



Daby Touré au Festival Musiques Nomades de Nouakchott Mauritanie en avril 2005



C'est à dire ? Les gens autour de toi qui te disent quoi faire ?

Daby Touré :Ah, ça c'est impossible avec moi, vu que je fais tout. Même mes musiciens, je les laisse pas jouer (rires). Au moment de mon premier album chez Real World [Diam, en 2004], je suis arrivé au studio avec mes bandes, mes morceaux étaient prêts, il restait juste à mixer, et voilà que l'ingénieur du son sort une guitare et commence à mettre des sons saturés et de la reverb' partout ! Il produisait à la Real World quoi... Au bout d'une demi-heure, il m'a demandé : « Qu'est-ce que t'en penses ? ». Je lui ai répondu : « T'es sérieux là ? Si c'est comme ça que tu vois les choses, mieux vaut arrêter tout de suite, parce que ça fait des mois que je travaille sur mon truc et j'ai une vision simple et bien précise... ». Finalement, on en a discuté avec Peter [Gabriel] et j'ai pu produire le disque comme je l'entendais.



D'où vient cette volonté d'indépendance dans ton travail ?

Daby Touré : Certainement parce que j'ai attendu des années avant de faire mon premier album. Quand je suis arrivé à Paris, j'ai pas mal côtoyé le groupe Sixun. Des mecs comme Paco Séry, Jean Pierre Como m'ont pris sous leur aile. Je les suivais, ils m'invitaient sur scène. J'ai participé à deux de leurs albums, Lunatic Taxi et Nouvelle Vague ; ensuite, j'ai eu un groupe avec mon cousin, Touré Touré, avec lequel on a énormément tourné. Donc, il ne s'agissait pas d'une prétention à décréter : « Je veux tout faire tout seul » ; c'est juste qu'arrivé à une certaine somme d'expériences, j'éprouvais le besoin de réunir mes idées et de dire quelque chose de vraiment personnel, sans envie d'interférences.



Que représente la musique pour toi ?

Daby Touré : C'est quelque chose qui m'a sauvée. J'ai toujours été seul, à partir de 3 ans. Mon père et ma mère s'étant séparés, je me suis retrouvé chez un oncle, une grand-mère, une tante... J'étais tout le temps dans une maison où je ne connaissais personne. De l'âge de 3 ans jusqu'à aujourd'hui, toute ma vie a été comme ça. Ce parcours me permet d'avoir une vision très particulière de la vie. Je m'intéresse aux gens tout le temps, plus qu'à moi-même en fait. Ca implique beaucoup de choses pour moi de faire un disque. - Mondomix


Discography

Diam            
2004 (Real World Record)

Stereo spirit  2007( Real World Record)

Lang(u)age   2012 (Polydor Universal)



Photos

Feeling a bit camera shy

Bio

Daby Toure

Please note : Daby Toure is a solo performer (vocals and guitar) who can be accompanied on stage by 2 musicians (drums and bass players). He will be perfuming solo if he is selected for WOMEX showcases.


This biography is taken from the Real World Records website / Stereo Spirit album, released in 2007

 

Between the rain-swept streets of Paris and the swirling sands of the Sahara, there lies a voice that is neither and both of these music-soaked places. Musician Daby Tour, son of the African desert and child of a Parisian musical upbringing, has created new boundaries and categories that go beyond territory, ethnicity or birthright. He is simply, Daby.

 

This musician's life started out in Mauritania, where the Sahara, the world's largest hot desert, divides northern Arabic Africa with southern black Africa. There, in the village of Djeole on the banks of the verdant River Senegal, he grew up surrounded by music and a feast of languages and cultures. 

But his life changed dramatically, and with wide-reaching consequences. When his father- a musician- was invited by the Afro-pop group Tour Kunda to join them in Paris, he took his 18-year-old son along with him. He hoped that Daby would take to his studies and earn the qualifications which were going to lead his son, already showing signs of favouring music over his other studies, along a less onerous professional road than he himself had taken.

 

"But", explains Daby, "it wasn't the right path for me. I was always absent from school because I was actually in the studio practising music with my friends. They called my father and told him and he was really disappointed. He decided to stop helping me then, and all I could say to him was, 'that's not my way, I want to live, I want to live my passion.'"

 

After a successful album release with his cousin Omar, with whom he formed the band Toure Toure, Daby immersed himself in the Paris jazz scene. And after many years of lone experimenting, playing and recording, he released the magical solo album Diam. This remarkably sensitive but energized performer had emerged with full force onto the European music scene, as a musician both rooted in his own cultures as well as freely exploring the spaces between.

"I was born in Africa," agrees Daby. "And all the traditional music I picked up when I was young is still in me and that doesn't change. But in my music I am still searching, and mixing. I have travelled far from the 'traditional' or 'folkloric' music of my country."

 

Daby's lyrics are a complex interplay between languages, both European and African. As well as French and English, he mixes Wolof with Sonink and Pulaar, the languages of his childhood : "When you travel in Africa, you understand that people are really different, that there are so many different cultures and mindsets. And sometimes that can really complicate things because we don't speak the same language. What I am trying to do in this album is to say to people, look, we have to speak the same language, for our future and for the future of our children. We have to forget our differences so we can take steps towards becoming more powerful, more united as Africans for when we want to talk to the rest of the world."

 

With his rich voice soaring through the songs that are sometimes only accompanied by the punctuated tapping of his fingers on the fret board, it is easy to see that this latest work - created at the Real World Studios over a three-month period in 2006- is a one-man work of serious personal expression.

 

"I made Stereo Spirit alone, and like Diam I played all the instruments myself. It's much easier to say what you want to say when you know exactly what you want," he says.

"It was really important for me to express exactly what I needed to express, to say to people exactly what I needed to say, and I never met anyone I could share that with."

After the final mixing in Paris, with Bob Coke, who has also worked with Ben Harper, Daby took off for a month in Mauritania and Senegal where he visited his family and the various towns and villages of his childhood.

"When I went back to Mauritania and Senegal after finishing this album, it was magical, very emotional. It was a coming home for me," says Daby, moved by his recent return to Africa.

"But I haven't lived in Mauritania now for 20 years," he says with a smile. "Even if I go back to my village to visit my family, to return to my roots, I am still a modern man. I am a young artist living in Paris, and who has changed. I am African but I am also European. I feel that in my music too."

Band Members