Monica Freire
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"Monica Freire, un portrait en couleurs"

Musique, jeudi 12 octobre 2006, p. 11

Petite rencontre avec la colorée Monica Freire par un gris après-midi d'automne, dans une brune cafétéria!

La question QUI, QUE, QUOI, DONT, OÙ? (Raconte-nous ton parcours.)

"Je viens de la région de Bahia, qui est située au nord-est du Brésil. C'est là que tous les bateaux d'esclaves sont arrivés pendant la colonisation, alors 80 % de la population de Bahia est de descendance africaine! J'ai grandi avec les tambours et la musique des carnavals brésiliens...

À 18 ans, je suis partie pour les Antilles, parce que je ne voulais pas entrer dans l'industrie musicale de Bahia, qui était très formatée. J'avais déjà une tendance rebelle, je voulais vivre de ma musique, mais vivre ma vie aussi, en étant totalement libre.

Ensuite, j'ai passé presque deux ans en France et j'ai fait deux albums au Japon. J'ai choisi de m'installer à Montréal parce que cette ville a été un véritable coup de coeur pour moi. Montréal englobe tout ce que j'aime, tout ce que je cherche."

Un artiste qui t'a donné envie de faire ce métier-là?

"Caetano Veloso... Ce sont surtout ses propos qui m'ont touchée. Toute petite, j'apprenais ses chansons par coeur. C'est l'une des personnes qui a révolutionné la musique et la vie sociale au Brésil."

Une chanson fétiche de ton répertoire?

"Quand j'étais enceinte, c'est sûr que Ma petite guerrière était la chanson qui me touchait le plus. Là, c'est Les Eaux de mars. Je l'ai vécue très intensément en faisant les premières parties des spectacles d'Ariane Moffatt. On fait cette chanson-là en duo à la fin de son show. Elle me trotte pas mal dans la tête ces temps-ci..."

Quel est ton sacré talent, ton plus grand talent?

"Hum... L'ouverture... Je pense que je suis quelqu'un de très curieux. J'aime les mosaïques, le mélange des couleurs, le mélange des genres. Je n'ai pas envie de tout faire toute seule. Donc, je m'entoure!"

Un talent que tu n'as pas et que tu aimerais avoir?

"Il y en a plein!! (rires) J'aimerais pouvoir improviser plus, pouvoir toucher au chant jazz par exemple, comme Coral Egan. Tout ce langage jazz nord-américain a apporté beaucoup de liberté en musique, mais moi, je suis plus structurée. Peut-être qu'un jour je me lancerai dans ces eaux-là et que ça me donnera le goût de partir sur de nouvelles envolées..."w

Monica Freire jouera les DJ d'un soir à l'émission de Catherine Pogonat, diffusée le vendredi 13 octobre de 20 h à 22 h sur Espace musique. Surveillez ses spectacles dans le réseau des maisons de la culture de la Ville de Montréal et dans les salles de Réseau Scènes.

Encadré

Catherine Pogonat anime le magazine Nouvelle Chanson sur Espace musique. Chaque mois, elle fait découvrir dans le Voir un artiste de la chanson en émergence, nommé Sacré talent! 2006 par Radio-Canada.

- Voir Montréal, Catherine Pogonat


"Monica Freire; Illuminée de l'intérieur"

Arts et spectacles, jeudi 11 mai 2006, p. ARTS SPECTACLES5
Critique

Sur la scène du ravissant théâtre National, à gauche, une collection de congas, djembés et autres instruments à percussion. À droite, une contrebasse allongée sur le flanc fait la sieste à côté d'un ordinateur. La table est mise pour Bahiatronica, version scénique du disque éponyme de Monica Freire, un doux mélange d'acoustique et d'électronique que la belle Brésilienne distille avec amour.

Ce n'est pas un hasard si le mot coraçao revient dans presque toutes les chansons de Monica Freire: à la voir, tout illuminée de l'intérieur, danser avec cette grâce à la fois joyeuse et contenue, et chanter de sa voix menue les yeux mi-clos, on se dit qu'elle le fait vraiment avec son coeur.

Elle présente ses chansons, essentiellement celles de l'album, dans un français tout roucoulant, avec une simplicité, une modestie même, qui n'est pas courante. Cela rend son spectacle très intimiste, tellement qu'on aimerait bien inviter cette fille à souper un bon soir: sûr que ça tournerait au jam grave. Parce que tout de même, entourée de son compagnon de vie Dan Gigon, bassiste, et de Yago Sousa, talentueux percussionniste fraîchement importé du Brésil, Monica Freire peut déplacer pas mal d'air. Dommage qu'elle se soit trouvée hier soir devant une salle quelque peu inerte.

Ses chansons empruntent plus à la musique africaine ou tropicale qu'à la sempiternelle bossa nova qu'on associe habituellement au Brésil. Cela s'entend particulièrement dans la première partie du spectacle, notamment dans O retirante (qui parle de la dure lutte pour l'eau dans les pays pauvres). Curieusement, c'est là que les éclairages de l'arrière-scène sont devenus aussi aveuglants qu'un implacable soleil du désert- du moins pour les spectateurs assis au balcon. L'Afrique comme si vous y étiez!

Monica Freire passe ainsi d'un délire de percussions tribales à souhait, qu'elle n'hésite pas à manier elle aussi, à la quasi-berceuse chantée sur le ton de la confidence (Aurora). Elle reprend aussi une très jolie chanson de Caetano Veloso, une " prière au temps " qu'elle chante en effet d'autres prient.

En seconde partie, elle fera notamment la magnifique Ma petite guerrière, de Pierre Flynn (la seule chanson entièrement en français du spectacle). Et devinez qui s'amène sur scène pour chanter en duo? Eh. On ne peut rien vous cacher. Et il est toujours beau, le grand diable, même s'il avait l'air un peu mal à l'aise d'être là. En tout cas, c'était une gentille surprise, que tout le monde a fort applaudie.

Et puis la belle Monica s'est mise à raconter en rigolant une histoire de bateaux et de mer avant de chanter Maré, et là on s'est vu, vraiment, à Bahia, au bord de la mer ou peut-être en plein dedans, avec des poissons volants et des vagues. Elle raconte comme ça plein de petites histoires, pour nous faire voyager avec elle, tout en accordant sa guitare mine de rien. Et c'est un vrai voyage, dont on émerge un peu étourdi et ravi... À moins d'être journaliste, auquel cas on maudit l'heure de tombée, qui nous oblige à partir avant la fin. - La Presse, Fabienne Couturier


"Monica Freire en power trio au National; L'intimité dans le rythme"

CULTURE, mercredi 10 mai 2006, p. b8

Monica est de celles qui voient des arbres avec des ailes à la place des racines. Elle chante néanmoins Bahia, sa terre brésilienne de l'Afrique en exil, avec une exubérante batterie de percussions, comme on chante les plages de l'Ipanéma bardé d'une douce guitare. Mais avec sa voix veloutée, câline et un tantinet voilée, elle en dit beaucoup, même en chantant, se rappelant les souvenirs de sa ville fétiche, ses emportements, sa pulsion frétillante, sa beauté sensuelle, son méchant groove et la proximité de cette mer qui donne un sens à son histoire, porteuse d'autant d'espoirs que de travers. Après tout, n'a-t-on pas érigé les bases d'une fascinante société métisse avec des gens qui y sont souvent arrivés par bateau, chaînes au pied?

Parfois, la belle rêveuse bahianaise, maintenant Montréalaise depuis 12 ans, pose les deux pieds sur terre, dénonce les génocides et raconte des histoires terriblement humaines, comme les récits de ceux qui doivent constamment déplacer leur famille, la maison sur le dos, à l'intérieur des terres arides, à la recherche d'un peu d'eau pour survivre. «Ce qui m'a le plus marquée de la musique brésilienne, dira-t-elle, fut cette volonté qu'avaient de grands auteurs-compositeurs comme Caetano Veloso ou Gilberto Gil de révolutionner autant la vie sociale que la musique comme telle. Je me définis volontiers comme post-tropicaliste.»

Monica a tout quitté pour devenir ce grand oiseau qui survolera la marée haute de sa jeunesse et découvrira de nouveaux espaces de liberté en n'oubliant jamais sa première niche. Bahiatronica, son premier vrai disque, lancé ici en septembre dernier, le reflète bien: un album enregistré à Montréal, Bahia et Rio, une personnalité qui surfe en toute intimité sur une nappe de percussions enflammées par les plus grands maîtres tambourineurs de la génération actuelle et des boucles analogiques à souhait. L'album se compare avantageusement aux meilleures productions du genre sur la scène internationale. «Je voulais mélanger le son de chez nous, intégrer le caractère explosif des tambours et me dégager du côté le plus traditionnel de mes compositions. Mon complice Dan Gigon m'a beaucoup aidée à trouver un son contemporain sur le plan harmonique. Nous nous sommes également adjoint les services de Marc Lessart et Guy Dubuc, qui nous ont plongés dans une symbiose naturelle avec l'électronique.»

Après un premier concert réussi au Coup de coeur francophone l'automne dernier, la chanteuse-auteure-compositrice se lance en power trio, ce soir sur la scène du National, avec Gigon à la basse et aux effets électros. Yago Sousa, un percussionniste venu de Bahia, sera également de la fête pour une tournée québécoise en juin. Pendant trois mois, l'automne prochain, les trois assumeront aussi la première partie des spectacles d'Ariane Moffatt.

Rythmicien tous azimuts, Sousa, que Monica a rencontré à Bahia en janvier dernier alors qu'elle suivait des cours de percussions, a d'abord impressionné avec son approche très moderne du pandeiro, un gros tambourin muni d'une peau et de clochettes. «Je n'ai jamais entendu quelqu'un jouer l'instrument de cette façon. Il maîtrise parfaitement l'art de dépasser les frontières tout en conservant son âme. Il est à la fois très roots et très urbain.» Preuve que les arbres ont des racines et des ailes. - Le Devoir, Yves Bernard


"Monica la trouvaille"

Première, mardi 9 mai 2006, p. 17

À la seule mention de son pays d'origine, les grands yeux de Monica Freire s'illuminent.

Montréalaise depuis près de douze ans, Monica Freire parle du Brésil et de ses racines avec passion : le soleil, la plage, les tambours... Son coeur balance entre les charmes naturels de la mer et l'activité grouillante de la ville, une dichotomie qui se transpose dans sa musique, heureux mélange de rythmes brésiliens et de fines sonorités électroniques.

Demain soir, la chanteuse et guitariste se produira au National pour présenter les pièces de Bahiatronica, son plus récent album paru à l'automne 2005. Enregistré à Montréal et à Bahia, sa région natale, le disque comprend douze titres aux accents latins.

D'où vient votre penchant pour la musique électronique ?

Mon goût pour la musique électronique s'est développé au Japon lorsque j'ai enregistré deux albums de musique électronique. C'est là-bas que j'ai rencontré un producteur brésilien qui avait grandi dans les raves et les discothèques, un courant qui était très loin de moi à l'époque. Ça m'a permis de découvrir un volet de la musique brésilienne que je ne connaissais pas auparavant. Ça m'a obligée à sortir de mes pantoufles et de ma zone de confort.

Vous avez beaucoup voyagé au cours de votre vie. Pourquoi votre chemin s'est-il arrêté à Montréal ?

Pour moi, Montréal, c'est la plus belle ville au monde. Je m'y suis sentie chez moi dès que j'y ai mis les pieds. Sur le plan de la culture, les Montréalais sont très privilégiés. Les musées, le théâtre, les spectacles de musique... et le tout dans une métropole où il n'y a pas beaucoup de violence.

À l'automne, vous assurerez les premières parties d'Ariane Moffatt pour l'ensemble des spectacles de sa tournée. Comment abordez-vous un tel défi ?

C'est un coup de main qui va me permettre de rejoindre un plus vaste public. Et puis j'aime beaucoup ce qu'elle fait. C'est un petit soleil québécois, une musicienne très talentueuse qui ne recule devant rien. C'est très généreux de la part d'Ariane de m'avoir invitée à partager la scène avec elle. - Métro (Montréal), Marc-André Lemieux


"Le cas Monica"

Musique, jeudi 4 mai 2006, p. 16

Monica Freire, c'était plutôt Monica-la-douceur que Monica-la-mitraille. Quoique, maintenant que cette petite guerrière s'en va-t-en guerre avec son propre power trio et du visuel orchestré par Brigitte Henry, il faut s'attendre à une tournée percutante.

Monica Freire a donné tout un spectacle au Club Soda cet automne. Programmée à Coup de coeur francophone, quelques semaines après la sortie de l'excellent Bahiatronica, paru enfin sur étiquette Audiogram, elle devait d'un coup briser la glace et réussir à transposer sur scène un projet de disque qu'elle avait passé des années à peaufiner. Six mois plus tard, la voilà prête à entamer une vraie tournée avec l'Agence Spectra Scène en appliquant une nouvelle formule à la fois simplifiée et plus corsée.

"On a un nouveau percussionniste bahianais qui s'appelle Yago Suza. Il a un pandero d'enfer! Pendant l'enregistrement du disque, notre réalisateur, Luis Brazil, qui est comme son père, m'avait parlé de lui. Mais on n'avait pas réussi à l'utiliser pour les sessions à Rio. Alors je suis retourné à Salvador en janvier pour des cours de percussion et là, ça a été le déclic. Yago est venu nous retrouver à Montréal, on a beaucoup travaillé avec lui et Dan Gigon. Pour moi, il faut que la tradition soit très présente mais de manière stylisée. Il faut dépasser les frontières purement rythmiques. On a fait deux chansons à trois, l'autre jour pour le spectacle Équiterre et là, c'est locké!"

Celle qui se définit volontiers comme une Sud-Américaine "post-tropicaliste" parce qu'elle a grandi en écoutant Caetano Veloso et Gilberto Gil, a bien compris ce besoin inné d'être toujours liée à une cause sociale, un engagement artistique. Pour elle, la musique se doit d'être underground et rebelle par définition. D'où cette vive émotion lorsqu'elle se remémore son récent voyage à New York et cette Marche mondiale des femmes avec Karen Young, lorsqu'elle ont chanté devant l'ONU avec des soeurs de sang venant de plus de 180 pays.

"Je suis fière de mon cheminement, dit-elle avec douceur, l'air convaincu mais encore songeur. Il faut aller dans certains extrêmes avant de pouvoir retrouver l'essentiel. J'ai longtemps attendu ce moment, mais je n'en avais jamais eu les moyens." Drôle de parcours en effet que celui de Monica. Née à Bahia, elle quitte le Brésil pour l'archipel des Antilles à 18 ans. Pendant six mois, avec son band, elle va faire le carnaval pour les touristes jusqu'à en avoir ras-le-bol. Puis elle entreprend une traversée de l'Atlantique avec de nouveaux amis français rencontrés dans une marina. Dans les années 90, elle s'installe à Montréal où elle chante la bossa dans les restos de la rue Saint-Denis, mais développe une vraie carrière... au Japon. Les deux premiers albums qu'elle enregistre là-bas deviennent d'excellents vendeurs. Elle y va six fois par année, ses affiches sont partout. Puis elle revient à Montréal, enfourche sa bicyclette et sillonne le Plateau, chantant aux Bobards, sur Saint-Laurent, à chaque fois que le drapeau du Brésil s'y déploie pour les bacchanales ou lors d'une victoire de l'équipe du Brésil au soccer, cinq fois championne du monde. Et puis, finalement, ce disque fabuleux où elle a tellement d'histoires à partager. Comme dans Petite guerrière de Pierre Flynn dont elle fait une superbe version dédiée à sa fille d'un an ou dans Marea (Les marées) où elle évoque une rencontre insolite en haute mer. Après trois jours à la dérive en plein océan, au large des Açores, elle avait trouvé un homme seul au milieu des flots, assis tranquillement sur la coque de son embarcation qui s'était renversée. Refusant de l'aide, il préférait rester là seul à attendre plutôt que de laisser aller vers l'oubli son bateau et tous ses souvenirs.

"La planète est plus bleue que brune, conclut Monica. Mais elle est assez grande pour que chacun trouve son chemin, sa voie. Moi je veux faire carrière en faisant les choses que j'aime avec les gens que j'aime". Cette fille est un sacré mélange de talent et d'émotion, de fougue et de maturité. Pas étonnant que son show nous transporte... - Voir Montréal, Ralph Boncy


"Monica Freire; Le Brésil à nos oreilles"

Arts Week-end, samedi 26 novembre 2005, p. C11

La destinée de Monica Freire semblait toute tracée. Née à Bahia, au Brésil, berceau des musiciens Jorge Amado, Gilberto Gil, Caetano Veloso et Joao Gilberto, elle ne pouvait qu'avoir le rythme dans le sang. Il aura tout de même fallu attendre qu'elle dépasse la trentaine pour pouvoir se laisser bercer par la chaleur de sa voix sur disque.

Freire a pris son temps pour l'album Bahiatronica, un amalgame de sonorités brésiliennes et électroniques. Trois années, en fait, au cours desquelles elle s'est promenée entre Montréal, sa terre d'accueil, Bahia, sa terre natale, et le Salvador. "C'était une production ambitieuse, avoue-t-elle. C'était important pour moi de retourner dans mon pays. J'ai grandi en écoutant les tambours et je voulais qu'on retrouve cet esprit sur le disque."

Quand elle pense à Bahia, Freire évoque la mer par laquelle les histoires et les souvenirs voyagent. Le parcours de Freire ferait pâlir d'envie tous les globe-trotters dans l'âme. Provenant d'une famille aux origines africaines, syrio-libanaises, portugaises et indigènes, elle fait ses premiers pas dans la musique à 17 ans, succédant à l'une des grandes stars brésiliennes, Daniela Mercury. Au sein du groupe Bloco Pinel, elle participe au carnaval de Salvador. Selon ses propres dires, sa carrière a suivi le chemin contraire à la normale. Elle a commencé avec la "grosse machine" et préfère aujourd'hui la simplicité.

À l'âge de la majorité, elle met le cap sur les Antilles, où elle chante pendant quelques mois. Elle embarque par la suite sur un voilier qui la mène en France, où elle habite pendant deux ans. Puis, désirant voir du pays, elle part en voyage au Québec avec son chum d'alors. Son copain rentre seul en Europe. Charmée par les gens qu'elle a rencontrés et les endroits qu'elle a visités, Freire s'installe à Montréal. C'était il y a 12 ans. "J'aime les grandes villes comme Rio ou Sao Paulo, mais je trouvais qu'à Montréal, les gens ne vivaient pas dans le stress. Il y avait une belle qualité de vie. J'ai eu un coup de coeur."

Le Québec lui rend bien l'amour qu'elle lui porte. Dès son arrivée, elle chante avec le Paulo Ramos Group et joue dans de nombreux festivals au Canada. C'est aussi à Montréal qu'elle rencontre le bassiste et compositeur Dan Gigon, qui deviendra un collaborateur important et son compagnon de vie.

Son périple ne se termine pas là. Après quelques spectacles au Japon, elle enregistre deux disques et devient très populaire. Son premier opus devient même le meilleur vendeur de musique du monde au pays du Soleil levant. "Il y avait des affiches de moi partout, se rappelle Freire. Je trouvais ça gros. Les Japonais sont de très grands consommateurs de musique, que ce soit du jazz, du rock ou de l'instrumental." Mais les producteurs là-bas exigent d'elle un disque par année. "Je trouvais que c'était trop. Je n'avais pas le temps de me ressourcer."

Peut-être est-ce parce qu'elle a pris son temps justement, mais son album Bahiatronic caresse nos oreilles et reçoit d'excellentes critiques. Freire s'est impliquée dans pratiquement toutes les chansons, que ce soit sur le plan des paroles ou de la musique. Elle s'est entourée de collaborateurs de renom, dont le parolier Roger Tabra et Ariane Moffatt, avec qui elle chante Les Eaux de mars, une pièce d'Antonio Carlos Jobim et de Georges Moustaki. Elle reprend également Ma petite guerrière, de Pierre Flynn.

Avec cet album, Freire apporte des rythmes latins à nos oreilles. Ce n'est toutefois pas avant 2006 qu'on pourra la voir sur scène. - Le Soleil, Daphné Bédard


"Monica la merveille"

Musique, jeudi 27 octobre 2005, p. 16

Monica Freire a su marier avec subtilité les rythmes traditionnels brésiliens et l'électronique sur son récent Bahiatronica. Assistée de quelques petits génies, elle transpose son univers singulier sur scène.

Il y a les astres qui reflètent la lumière des étoiles, puis il y a les corps célestes, telle Monica Freire, qui produisent leur propre lumière. Sur disque, impossible de résister à la douceur de sa voix suave; en personne, ses yeux éclatants et son sourire ont tôt fait de vous charmer. La Brésilienne d'origine, devenue Montréalaise au milieu des années 90, est en train de faire le coup à toute la planète worldbeat qui, avec raison, se pâme depuis une dizaine d'années pour le brazilectro unique de la chanteuse nouvellement maman.

Rêve, persévérance et collaborations fécondes. Voilà les ingrédients qui ont permis à Monica d'accoucher de cet album, après un labeur de plus de trois ans. "Beaucoup de projets ne voient pas le jour parce qu'il est difficile de créer. On est souvent découragé, les obstacles sont nombreux. Moi, j'ai eu la chance de rencontrer Dan [Gigon, son complice depuis dix ans, bassiste et compositeur] et d'autres créateurs, comme les réalisateurs Guy Dubuc et Marc Lessard, qui ont cru dans mon projet, et le poète Álvero Faleiros, qui signe quelques chansons sur l'album. Dan et moi avons rêvé ensemble de ces choses-là qui nous arrivent aujourd'hui et nous avons veillé à ce qu'elles se réalisent."

Monica a la force tranquille des gens qui savent ce qu'ils font. Tout est cohérent dans son monde: lorsqu'elle parle du rêve, elle vous raconte l'importance des graffitis pour les enfants des favelas; lorsqu'elle explique à quel point il est crucial de se sentir chez soi quelque part, "dans son nid", elle évoque ces oiseaux qui tournaient sans fin au-dessus de son hôtel dans un Tokyo bétonné, ne sachant où se poser; elle sait mettre en parallèle son amour pour les ports avec la sécheresse que connaît le Brésil depuis des années et qui nous guette tous , forçant des familles entières à se faire nomades pour trouver de l'eau; elle regrettera de ne pouvoir en faire plus pour les problèmes de l'Afrique, continent "sans lequel le Brésil n'existerait pas". De ce Brésil natal, d'ailleurs, elle aura conservé la faculté de pouvoir parler de la gravité des choses avec poésie et sérénité. "C'était très important pour moi que mes chansons parlent aux gens. J'aimerais être une rockeuse pour crier des vérités, mais ça ne m'a pas été donné. La douceur est mon arme pour changer le monde. Je suis peut-être naïve..."

Pour son tout nouveau spectacle, qu'elle donne au Club Soda dans le cadre du Coup de coeur francophone, Monica a suivi la même recette que pour son album et s'est entourée de créateurs pour qui elle a eu un véritable... coup de coeur! Pour les projections vidéo, elle a fait appel à Brigitte Henry, qui s'est fait connaître pour ses photographies sous-marines; aux éclairages, elle a choisi Yan Lee Chan, "un fou talentueux" qui a surtout travaillé en danse contemporaine et en théâtre. Enfin, on retrouvera Éric Nokami aux platines, pour accompagner les instruments plus organiques. - Voir, François Couture


"Coup de coeur francophone/Monica Freire, Donner le temps au temps"

Arts et spectacles, samedi 29 octobre 2005, p. ARTS SPECTACLES12

Monica Freire, née au Brésil, Québécoise d'adoption, est l'un des rares (donc précieux) bienfaits de la mondialisation. Son arbre généalogique a des racines en Afrique, au Portugal, au Liban, en Syrie et au Brésil d'avant les colonies. Sa petite fille, Morane, née il y a six mois, pourra ajouter la Suisse, par son papa, et le Québec par son lieu de naissance. Dans les yeux très noirs de Monica Freire, une lueur pétille quand elle parle de sa fille, mais aussi quand elle parle de la vie, des voyages ou de la musique- ce qui, dans son cas, revient pas mal au même.

Après avoir quitté le Brésil, Monica Freire a vécu presque deux ans en France avant d'atterrir à Montréal en 1993. Avec Paulo Ramos, elle a fait une tournée au Japon, où elle a enregistré deux albums solo qu'on ne verra jamais ici, mais qui ont là-bas remporté un éclatant succès. Ce long parcours, qui n'a pas toujours été semé de roses, l'a enfin menée à un album étonnant, Bahiatronica, paru en septembre dernier, où elle mêle les percussions et les rythmes brésiliens aux sonorités électroniques.

" Ça faisait longtemps que j'en rêvais, explique-t-elle. Depuis 1997, en fait. Les disques que j'ai enregistrés au Japon ont très bien marché, mais tout s'est fait très vite, trop vite, et je n'avais pas vraiment mon mot à dire. Cela ne m'appartenait pas. Pour ce disque, j'avais envie de quelque chose qui soit plus près de mes racines, qui fasse partie de mon histoire. "

Mais il a fallu y mettre le temps: " On a ramé pas mal, c'est vrai, parce qu'on voulait s'associer aux meilleurs musiciens. En fin de compte, on a mis trois ans à l'enregistrer! " Trois ans à voyager entre Montréal, Salvador de Bahia et Rio de Janeiro, à saisir au vol des collaborations qui se sont parfois étirées durant toute une nuit parce qu'on n'était tout de même pas pour s'arrêter en si bon chemin.

Et maintenant que l'album, courtepointe patiemment assemblée, est enfin né, on pourra en apprécier les couleurs sur la scène du Club soda le 4 novembre, dans le cadre du Coup de coeur francophone. Tony Albino (batterie), Dan Gigon (basse), Dan Thouin (claviers) et André Martin (percussions) répètent avec Monica, sa voix, sa guitare (et même le bébé!) depuis deux bons mois maintenant. " On s'est aussi associés à des artistes visuels comme Brigitte Henry (photographe et vidéaste), Yan Lee Chan, un concepteur d'éclairages vraiment super qui vient du milieu de la danse, et Éric Nokami comme VJ. C'est un vieux rêve, ça aussi, de faire quelque chose de très visuel, avec des projections. Je pense que les gens seront contents. La musique prend une tout autre dimension. "

Les deux derniers mois auront donc été particulièrement chargés pour la jeune maman. Elle rit: " Avant d'avoir ma petite fille, je me demandais comment j'allais réussir à tout faire. Mais je me rends compte que la vie est bien faite et que le temps peut passer à la fois très vite et très lentement. Je me sens pleine d'énergie. En fait, ça fait du bien de voir que la détermination, avec les bonnes associations et le temps qu'il faut, finissent par donner des résultats. " Elle n'ajoute pas le talent, mais c'est par pure modestie. Par générosité aussi. Elle dit rarement " je ", d'ailleurs, et préfère le " nous ", parce qu'elle considère ses collaborateurs comme indispensables. " Chacun apporte sa couleur, son talent, sa vision... On ne peut rien faire seul. On est sur terre pour vivre ensemble et s'entraider, après tout. " - La Presse, Fabienne Couturier


Discography

Bahiatronica (2005)
Monica II (1997)
Monica (1996)

Photos

Bio

A member of the new generation of innovative Brazilian singer-songwriters incorporating pop and electronic aspects into their music, singer and guitarist Monica Freire has received critical acclaim in Brazil, Europe, Mexico, Japan and Canada, where she now lives.

Monica was born in Itabuna (Bahia), Brazil, the youngest of eight children. Her family has African, Lebanese-Syrian, Portuguese and native roots, so she is a good example of Brazilian métissage. Growing up amidst beautiful cocoa plantations, beaches and endless summer, she soaked up the poetry and magic of Bahia. This region is the cultural cradle of Brazil and Afro-Brazilian music, and the birthplace of legendary musicians Jorge Amado, Gilberto Gil, Caetano Veloso, Joao Gilberto and many others.

As a child, Monica took dance and singing lessons and sang in choirs; at 15 she founded her first band. At 17, she took over from major Brazilian star Daniela Mercury to become the new lead singer of the celebrated band Bloco Pinel, performing with them at the Salvador Carnival.

At the age of 18, she left for the Caribbean island of Saint-Martin, where she sang for a few months. She then boarded a yacht and sailed to France, where she lived for nearly two years.

In 1993, Monica moved to Montreal. She first sang with the Paulo Ramos Group, with whom she performed at many different festivals in Canada. She also recorded several CDs with them, including Live at the Montreux Jazz Festival and Africa do Brasil, winning a Juno for Best Global Album in 1997. Montreal was also where she encountered bass player and composer Dan Gigon, who went on to become a key collaborator.

After a series of shows in Japan, in 1996, she recorded her first CD in Tokyo (Monica, Samson Records) and went on a promotional tour to various Japanese cities. The album climbed the charts and became World Beat Bestseller in Japan, forging warm relations in the music industry. In 1997, she recorded another CD in the Land of the Rising Sun (Monica II, Apes records).

In Quebec and Canada, Monica has performed her superb, original songs at many world-class festivals, special events, Réseau-Scène theatres, maisons de la culture, ROSEQ auditoriums and other venues. She even performed at the Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts, during the 2003 Festival International de Jazz de Montréal, opening for Cesaria Evora.

In 2005, she travelled back and forth between Montreal, Salvador (Bahia) and Rio de Janeiro to record her latest CD. Some of Brazil's top contemporary musicians took part in recording this highly colourful musical mosaic.