Projet e.v.e project

Quand l’éclectisme émane d’un projet musical et qu’il crée un précédent de cohésion entre les styles, c’est l’évolution qui fait son œuvre. Avec ce premier maxi, le trio montréalais brasse les gènes de la musique au Québec.

Après avoir quitté le duo électro-ambiant With All Due Respect à l’hiver 2010, Nicolas Cousin ne perd pas de temps pour remettre sa créativité au service de la musique. Pour son nouveau projet, il choisit de rester derrière ses séquenceurs et ses claviers, mais il recrute Martin Charrette, un ancien collaborateur guitariste, bassiste et nouvellement harmoniciste, et incite Sasœur (non pas SA soeur, mais plutôt une amie de longue date) à “sortir du placard” afin de devenir une chanteuse pleinement assumée. Inspiré par des genres musicaux différents, mais à la génétique compatible, le trio commence à composer au printemps 2010 et crée illico un son hybride à la fois biologique et ponctué d’orchestrations virtuellement modifiées (OVM).

Lancé à Montréal le 8 mars dernier devant près de 150 personnes au Edgar Hypertaverne, le EP homonyme du groupe est une excellente carte de visite qui lui permet d’entrer dans le paysage musical québécois avec une identité singulière. “Il n’y a pas de sauce prédéfinie dans Projet E.V.E., sauf qu’il y a un son, un fil conducteur qui tient tout ça ensemble”, indique Nicolas. Ce filon, c’est un mariage de pop, d’électro, de folk, de reggae et de rock, qui, même s’il change de forme sur chacune des pièces, reste parfaitement homogène après le mélange. La spontanéité est également un aspect qui définit l’âme du groupe, précise Sasoeur : “Feel it or don’t do it! lance-t-elle. On travaille tellement de façon spontanée que c’est un peu comme ça que l’on compose.” Nicolas, qui signe également tous les arrangements, raconte que pour lui, c’est même devenu un mode de vie : “Quand on improvise, on enregistre tout le temps. Avant de me coucher, je réécoute ce qu’on a fait. Souvent, je trouve des morceaux intéressants et je fais des montages pour les envoyer aux autres par Internet.”

Si la création de leur univers musical repose en grande partie sur l’improvisation, l’écriture des paroles, elle, se fait tout autrement. Auteure de la totalité des textes, Sasoeur a vécu pendant quatre ans en Angleterre. Elle explique que son choix d’écrire en français ou en anglais dépend surtout de la sonorité des mots : “Plusieurs de mes compositions ont existé dans les deux langues avant que je me décide. C’est vraiment une question de rime et de rythmique.” Possédant quelques notions d’espagnol, la chanteuse n’exclut pas non plus la possibilité d’ajouter une troisième langue au projet dans d’éventuelles compositions.

Avec tantôt des mélodies poignantes à donner des frissons dans le dos (“Mélodyne”), tantôt les vibrations positives du reggae-dub qui vous passent à travers le corps (“Beware”) ou des rythmes folk entraînants qui font taper du pied (“Avenue Placebo”), ce sont les arrangements sonores et les effets électroniques qui agissent comme unificateurs afin de créer ce nouveau génome musical. Le répertoire du groupe reste encore à construire, mais les membres affirment avoir plusieurs pièces en chantier et ne pas manquer d’inspiration. Pour ceux qui voudraient avoir un aperçu de l’ADN de cette nouvelle espèce, la pièce “Train” est téléchargeable gratuitement depuis leur site web.

Site de l’artiste : projeteve.bandcamp.com

Texte : Emmanuel Lauzon - Longueur D'ondes