SILO

La troisième et dernière soirée de "Madagascar, voyage au cœur de la musique" a particulièrement été marquée par la prestation inégalée de Silo, l'enfant prodige de la musique malgache.

Crème de la crème. Aussi bien en composition qu'en arrangement, Silo, le virtuose du piano malgache, demeure une légende vivante de la musique malgache. Sa grandeur et son ingéniosité, il l'a une fois de plus démontré lors de la troisième et dernière soirée du fameux projet "Madagascar, voyage au cœur de la musique", samedi, dans la salle de l'Horloge de la gare de Soarano.



Si pour les autres artistes qui ont participé à ce projet, le show-case était une sorte d'audition pour convaincre les tourneurs et producteurs européens et de l'océan Indien, pour Silo, ce fut une pure et simple démonstration de savoir-faire artistique. Son talent est par ailleurs déjà confirmé. Ce n'est visiblement pas pour le titre et la bonne figuration qu'il est le directeur artistique de ce grand projet dont l'objectif est de promouvoir les artistes malgaches sur le marché international.

Il n'y a certainement rien à signaler sur la maîtrise de son instrument de prédilection, le piano, tout comme le talent de ses trois accompagnateurs, dont le virevoltant jeune batteur, Dasy et le tonitruant guitariste soliste, Andry Mick. A quatre, ils se lancent plutôt dans un très difficile mais passionnant exercice d'expérimentation de sonorités et de rythmiques.

L'utilisation d'un micro-synthétiseur analogique, l'absence volontaire d'un guitariste bassiste qu'ils ont su remplacer avec brio par le piano, l'important réarrangement du fameux "Te ho anao" que l'on ne reconnaissait qu'à peine…. Tout cela témoigne ô combien l'artiste a entrepris une démarche difficile – du moins pour l'assistance – pour s'imposer en véritable maestro de cette soirée. Une salve d'applaudissements après chaque titre n'est jamais assez pour l'ovationner.

Si l'assistance s'est déplacée en grand nombre lors de cette dernière soirée de "Madagascar, voyage au cœur de la musique" de Libertalia-music records, c'était certainement en grande partie pour le virtuose du piano, multi-instrumentiste malgache. Néanmoins, Mafonjah, l'ancien membre d'un des célèbres boys-band des années 2000, converti en reggae et en world musique grâce notamment à Silo, son mentor, s'en est pas mal sorti. Tsiliva, le roi du kilalaky, qui s'est mué en véritable faiseur de rythme dans un style world music a également emballé plus d'un cœur.

- LES NOUVELLES

Quand Silo arrive sur scène, c'est comme le Petit Poucet qui a perdu son chemin. Pourtant dès que ses doigts touchent un instrument, il se transforme en génie intouchable et en ogre sonore. Des témoins du phénomène, il y en avait ven­dredi soir lors de son concert au Louvre à Antaninarenina. Pour beaucoup, les scènes de l'artiste se sont faites rares depuis quelques mois.
C'était sans doute pour faire une réapparition où les escadrons sonores et les improvisations martiennes étaient au rendez-vous. « Il dégage une vibration intense, d'abord par sa présence, sa manière d'être au contact avec son instrument. Après, sa musique, c'est de la folie », reconnaît Fidy Ramonjazafy, spectateur emporté par ce qui se déroulait sur scène. Du répertoire à sa manière de jouer tout semble être millimétré, comme s'il savait telle chanson fera son effet après que celle-ci soit jouée.
D'autre part, Silo aurait pu bien être un trois étoiles qui juxtaposerait avec passion les goûts s'il avait eu l'onction des fourneaux. Au Louvre il a joué ses titres, Anjeliko, Rn7 et tant d'autres, mais avec cet artiste chaque morceau est une redécouverte. L'artiste fait parfois perdre la tête. « On s'attend toujours à ce qu'il trouve quelque chose et improvise. Alors, le morceau déjà connu s'en trouve transcendé. Je ne peux plus faire la différence entre improv' et préparation », se perd Gael Rafidisoa, public amateur de jaaz, dans ses réflexions. Après plus de deux heures de concert, tout le monde était scotché sur son siège espérant que Silo ne s'arrête jamais. Mais comme pour toutes les bonnes choses, il y avait une fin.
Maminirina Rado
Lundi 01 octobre 2012 - L'Express de Madagascar