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"Tiloun, cool de faire chanter les femmes."

Pourquoi un concert avec les "matantes" ?

Une idée qui a germé l’an dernier. J’avais envie de mettre ensemble sur scène les femmes que j’écoutais, étant enfant, à la case avec ma maman. Michou, Micheline... elles se sont mises à chanter quand elles avaient à peine 12-13 ans. Avec les répertoires de Marie-Armande et de Pierrette elles incarnent près de 100 an d’histoire de la chanson réunionnaise à elles quatre.

Le choix des titres pour ce concert n’a pas été trop difficile à faire ?

Pas vraiment parce qu’on a retenu ceux que tout le monde attend, des morceaux cultes. Pour le reste j’avais envie de lancer mes nouveaux morceaux, ceux que je vais aller interpréter cette année au Babel Med puis à Bourges et ici au Iomma .

Quelles chansons identifient à jamais chacune de vos quatre invitées ?

Pour Micheline, "Z’enfants les hauts" qu’a écrit Christian Baptisto. Pour Michou "Largue la sauce !". Pour Pierrette, "Ti Roger" et pour Marie Armande c’est un titre qui n’a jamais été enregistré, en tout cas on ne le trouve nulle part, "Mari Volage".

Et quelles qualités attribuez-vous à chacune de ces femmes ?

Michou ? Elle représente pour moi la jeunesse éternelle, celle qui transcende le temps . Pierrette ? Elle est pour moi comme un de ces petits jouets remontés à bloc qui marchent, qui défoulent ! Si j’étais sûr de pouvoir faire à son âge la moitié de ce qu’elle fait je signerai des deux mains pour avancer le temps ! Micheline ? C’est pour moi la douceur, la poésie. Quant à Marie-Armande, je retiens la définition que lui réservait ma maman : la Créole qui a de la classe ! J’ai tous leurs vinyls et je vais les apporter pour qu’elles me les signent, comme le marmaille que je suis resté au fond de mon coeur en ce qui les concerne.

Une soirée idéale pour le 8 mars ?

Un heureux hasard ! Il fait souvent bien les choses celui-là ! Ce n’était pas prémédité, mais ça tombe bien. Même si pour moi une femme, c’est un Homme comme les autres !

Ce concert unique réserve -t-il des surprises ?

Déjà le challenge pour "mes" chanteuses d’être accompagnées à ma sauce maloya ! Plus facile pour moi que pour elles. Par ailleurs, comme on dit que l’occasion fait le larron je vais profiter de la présence dans le coin de deux musiciens de métropole qui donnent des stages, l’un en clarinette Jean-Pierre Sarzier et l’autre en accordéon diatonique, Norbert Pignol. Ils m’ont appelé pour faire un boeuf alors, normal, je les ai invités.

Sinon, vos musiciens habituels ?

Toujours Michaël Talpot, Zelito Deliron, Patrick Quinot "Rasta", Masaï Imare et Vincent Philéas, là aussi c’est la classe ! Avec eux je suis paré pas besoin de répéter 10.000 fois, ça pète quar’d’tour !

Heureux d’être au Palaxa ?

C’est quasiment l’idéal ! On a eu tout ce qu’il faut pour bien se préparer, une résidence d’une semaine, dans les meilleures conditions pro. Un vrai cadeau que ce concert. Le gagnant c’est moi dans l’affaire ! C’est moi qui suis honoré par mes "matantes" en ce 8 mars.

De bon augure pour la suite ?

Je l’espère car le programme va s’accélérer. Et là encore j’ai de la chance parce que la ville, pour laquelle je travaillen m’a accordé un congé exceptionnel pour aller chanter de l’autre coté de la mer.

Outre les festivals, un prochain enregistrement ?

C’est encore top secret ! Mais oui, ce sera un enregistrement live, du côté du mois de juin...

Dans l’écurie ... kifo ?

(...)

Qui ne dit mot, consent ! Et à part ça ?

Je reviendrai au Palaxa en octobre pour préparer un spectacle en trio avec Eric Triton et une chanteuse suisse Taliké. De belles affinités en perspective ! C’est Christian David qui a conçu le projet.

Votre souhait majeur pour cette année ?

Je ne veux pas me réveiller, parce que pour moi, tout ce que je fais, c’est un rêve. Et je n’ai envie de rien changer !

- Tilou ek bann matatntes. Ce soir au Palaxa 21h, sans première partie. Tarif 8,10 et12 euros

Rubrique réalisée par Marine Dusigne - Clicanoo


"Tiloun : Trésor de la Réunion"

Réunion.

"J’ai la bonne étoile…”, disait Tiloun à la veille de son concert. Elle brille quand la nuit tombe. Il est à peine 18 heures, et le soleil se couche déjà sur le plus grand festival de l’océan Indien (le Sakifo, à la Réunion). Tiloun est programmé sur la petite scène, près de l’entrée principale. Le public arrive en masse pour voir, plus tard dans la soirée, Camélia Jordana, Stromae ou Tony Allen. Le gros des festivaliers s’arrête à peine devant Tiloun, jette un regard curieux à ce mastodonte de douceur et de douleur, accorde une demi-oreille à cette voix bouleversante d’ogre orphelin, réchauffée par le feu qui couve du maloya.

Si l’on s’accorde à penser que la Réunion est en France, on peut alors en déduire que Tiloun est un très grand chanteur français. Ses deux albums, Dé pat ater en 2008, Kas in poz maintenant, sont ceux d’un Léo Ferré de l’océan Indien. Des trésors subtilement chamaniques dans un genre musical, le maloya, qui remonte, concentre et expurge l’histoire réunionnaise, le métissage franco-afro-indo-malgache, la bâtardise, l’héritage esclavago-colonial et l’harmonie nécessaire, la fierté de la créolité.

Et le maloya, on n’est pas loin de penser que c’est la plus belle musique de France. Une musique de combat, de danse et de catharsis, essentielle. Même Camélia Jordana en a chanté au Sakifo. Bien sûr, Tiloun préférerait qu’on arrête de parler de la France. Ou, au moins, qu’on le fasse en créole. Tiloun est un Réunionnais hardcore, défenseur de la langue et de l’identité créoles. Certains l’accusent de racisme, parce que pour parler des métropolitains à la Réunion il dit “zoreys” plutôt que “Réunionnais nouvellement arrivés”.

Politiquement pas correct, mais au moins éveillé, conscient, politisé et poétiquement direct. Tiloun, 44 ans, vient de la Source, un quartier populaire de Saint-Denis, la préfecture de la Réunion. La Source, il y reste, il y retourne. Il chante le maloya depuis plus de vingt ans, mais a enregistré sur le tard, parce que les maîtres Firmin Viry et Danyel Waro le pressaient. En cette Année des Outre-Mer, les artistes réunionnais sillonnent l’Hexagone. Tiloun n’est pas du voyage. Pour le découvrir, il faut aller vers lui. Il n’a ni manager ni tourneur. Ses deux magnifiques albums, autoproduits, ne sont pas distribués (disponibles dans les concerts et sur son site). Il refuse que les billets d’avion pour venir jouer en métropole soient financés par des subventions.

Employé comme travailleur social à Saint-Denis, Tiloun a économisé ses cachets de musicien pour financer son deuxième album. Kas in poz a été enregistré à Madagascar, dans un studio centenaire, à l’issue d’une semaine de résidence avec des musiciens malgaches. Madagascar a peuplé la Réunion et nourri le maloya. Points de retrouvailles entre les musiques des deux territoires : le rythme ternaire, la danse et les paroles improvisées. Dans son disque, Tiloun chante la famille, proche et ancestrale, une histoire personnelle et collective douloureuse, écorchée vive.

Té Bana parle de sa soeur, tombée enceinte à 16 ans. Papa Misél, c’est le repeuplement de la Creuse par la déportation d’orphelins réunionnais, organisé jusqu’au début des années 80 – une de ses soeurs est partie. Pou ou, c’est un bouleversant maloya a cappella que Tiloun a enregistré en toute fin de session. “J’ai demandé qu’on rallume le micro. C’est une prière pour ma mère décédée en 1985. Je la remercie et je remercie la vie : avec toutes les difficultés qu’il y a eu, je suis là.” - Les Inrocks


Discography

2008 - Dé pat ater (LP)
2012 - Kas in Poz (LP)

Photos

Bio

Jean-Michel Ramoune, de son petit nom gâté Tiloun (qui deviendra son nom d'artiste), est né et a grandit à Saint-Denis, île de la Réunion dans le quartier de la Source.

Depuis son plus jeune âge, il a rencontré des grands noms de la musique réunionnaise tels Alain Peters, Ziskakan à ses débuts, Henry Madoré. C'est au foyer de la Source que Tiloun s'initie au chant, à la musique "Pei", aux percussions, à la danse. Il est vrai que ce quartier de Saint-Denis est, comme il le décrit lui-même, "un berceau de créativité". Tikok Vellaye, Maxime Laope, Benoite Boulard, Henry Madoré, Alain Peters, Gilbert Barcaville, les frères Ducap, Arnaud Dormeuil, Jeff Gang, Atep, … en sont originaires. Ils vont surtout être pour Tiloun de multiples sources d'inspiration.

Il commence à écrire et à jouer dans les kabars. Firmin Viry, auprès duquel il joue pendant quatre ans lui fait toucher du cœur la philosophie du Maloya.

Bien qu'en 1991 les événements du Chaudron aient convaincu Tiloun qu'il devait faire partager ses idées, donc les exprimer, ce dernier n'est encore prêt à réaliser un album. Il travaille comme animateur de rue, et ses prestations ne sont pour lui qu'un divertissement. Il faudra que Gilbert Pounia, Firmin Viry, Danyèl Waro, Daniel Honoré lui mettent la pression pour qu'il envisage l'éventualité d'un disque. Son fils, Nicolas, emporte la décision.

Tiloun est avant tout un grand cœur, pas une vedette. Son plus précieux trésor c'est sa famille, sa femme, son fils. Un autre trésor, ses "dalons", et tous ceux qu'il a écouté, aidé, comme en témoignent nombre de jeunes avec un infini respect. Le maloya est la passion qui lui permet de revendiquer ses origines "bâtardes" (métissées) dont il est fier.

Bon, d'accord pour un disque puisque tous ses amis le lui réclament, mais surtout pas un "zafèr commercial" ! Avec Stéphane Boquet il fonde l'association "Dé Pat Ater" (les pieds sur terre) et, entouré de sa formation au complet il enregistre ce premier opus qui porte le nom de l'association. Olivier Giron est sans doute l'un de ceux qui le dépeignent le mieux : "Une voix fragile et saisissante qui nous raconte La Réunion, sa Réunion, dans le respect de la langue et du patrimoine. Des textes engagés, pas encore assez à son goût, qui aborde les thèmes du métissage, du franc parlé, des travers de la vie, de l’amour, du sida, des Chagos… Tout cela dans un maloya épuré et harmonieux, notamment le titre «Dodo mon ti kok», une berceuse pour son zenfan écrite en 1989 et très joliment accompagnée par Sandrine Ledoux à la harpe, l’instrument préféré de Tiloun."

Tout en continuant de travailler, il enchaîne kabars, concert, participe au Sakifo. La SACEM lui décerne le prix Fanal, il crée, pour la cause des Chagossiens, le Bal Maloya, …

Avec une nouvelle équipe de musiciens et des artistes Malgaches, il enregistre à la Résidence d'artistes de Madagascar son deuxième CD : Kaz in Poz. Avec plein de projets dans la tête et déjà un nombre impressionnant de participations prévues jusqu'en 2012, Tiloun n'a pas fini de nous impressionner et de nous faire vibrer.

Native from La Source, a working-class area of Saint Denis that saw the births of other major musicians on the island (Alain Peters, Tikok Vellaye amongst others), Tiloun was initiated into local folklore when he was a kid : dancing, playing drums, singing are genetic to him! He really started making music in a much more serious way after the 1991 social riots in Saint Denis. That was the trigger mechanism which convinced him he had to express himself and share his ideas and concerns. He learns from playing with Firmin Viry the true meaning of Maloya, the philosophy behind the music, the way of life it involves.
In parallel, Tiloun keeps on working as a special needs professional, convinced music’s going to remain a hobby. But others aren’t alright with that matter of fact : Ziskakan, Firmin Viry and Danyel Waro successively offer to finance his longawaited first album’s recording and urge him to do so. « De pat ater » was released in 2008, almost twenty years after Tiloun’s first song recitals! Fortunately, he didn’t take as much time for his second full-length, « Kas in poz », released in 2011 and played live in numerous venues since then. Tiloun’s fragile yet striking voice recounts us his own Reunion’s history, made of cultural mix and respect.
His uncluttered and harmonious Maloya works wonders!